- HUNS (archéologie et art)
- HUNS (archéologie et art)Les Huns venus d’Asie, d’origine turque, ougrienne ou mongole selon les chercheurs, descendent peut-être des Xiong-nu d’Asie centrale. Ils apparaissent pour la première fois dans les sources occidentales chez Ptolémée, en 160-170 après J.-C., mais ne déploient une activité militaire et politique en Europe qu’à la fin du IVe siècle et durant la première moitié du Ve siècle. Les archéologues qualifient d’ailleurs traditionnellement cette période (entre 375 et 454) de «hunnique». Dans leur avancée vers l’ouest, les Huns deviennent progressivement les maîtres des steppes d’Europe orientale et centrale et créent un «empire», puissante fédération de Barbares. Les sources écrites et archéologiques s’accordent pour témoigner que les Huns, peuple de cavaliers, sont nomades. Ils vivent donc essentiellement de l’élevage et dépendent de leurs troupeaux, qui se déplacent dans les steppes sur de grandes distances à la recherche de pâturages.Les sites archéologiquesOn ne peut différencier, dans les steppes européennes, les sites de la fin du IVe siècle et de la première moitié du Ve siècle laissés par les Huns de ceux des autres nomades. En effet, ces sites, principalement des tombes, offrent une synthèse d’éléments anciens, propres à une population nomade indigène (notamment alano-sarmate), et d’éléments nouveaux apportés par les Huns. Cela n’a, en soi, rien de surprenant puisqu’en règle générale les hordes nomades sont formées de familles, de clans et de tribus aux origines ethniques diverses. Leurs contemporains les considèrent néanmoins habituellement comme un seul et même peuple et leur donnent le nom de la tribu principale. Tel est le cas des nomades qui, en Europe, appartenaient à l’«empire» des Huns. Leurs sites, qui possèdent de nombreux traits communs, doivent donc être examinés comme un tout. Soulignons qu’ils sont tous localisés dans les steppes. Les incursions des Huns à l’extérieur de cette zone, en Europe occidentale par exemple, ne sont attestées que par des objets isolés.Les sites des nomades de l’époque hunnique se concentrent en Europe dans la région du Danube moyen, qui fut entre 420 et 450 environ le centre de leur «empire» (cf. carte, nos 40-49, 63, 67, 75, 84), sur le Danube inférieur (nos 51, 52, 54-57, 62, 71-73), dans les steppes au nord de la mer Noire (nos 10-25, 31, 58-61, 76, 81, 82, 86) et dans celles de la Volga (nos 1-9, 70, 77-80, 85). On doit y associer les découvertes concernant la même époque faites en Kirghizie et au Kazakhstan oriental (nos 32-39) car, bien que l’attribution de ces sites aux Huns ou à leurs alliés soit incertaine, ils offrent de grandes similitudes avec les sites nomades en Europe. Signalons qu’il est difficile de savoir à l’heure actuelle si les concentrations de sites observées sur la carte correspondent à une réalité historique – les zones privilégiées de campement des nomades – ou si elles ne reflètent qu’un déséquilibre qui témoigne du degré d’avancement des recherches archéologiques selon les régions.Les tombes nomades de l’époque hunnique sont généralement isolées. On ne connaît que quelques nécropoles, qui peuvent être de petites dimensions comme à Novogrigor’evka ou Šipovo (nos 17 et 9 de la carte) ou plus importantes, en Kirghizie notamment (par exemple à Kenkol et Ketmen’-Tjube, nos 37 et 38). Dans une étude consacrée aux pratiques funéraires des nomades de cette période, l’archéologue I. P. Zaseckaja distingue trois principaux types de sépultures: les incinérations et les inhumations sous des kourganes (tertres), ainsi que les inhumations qui, à l’heure actuelle, ne sont signalées à la surface du sol par aucun aménagement particulier: les tombes dites plates.Dans le premier groupe, les incinérations sous kourgane, la crémation des défunts avait parfois lieu sur place (par exemple à Zeelman, pl. 2 in texte, 5). Dans d’autres cas, à Novogrigor’evka par exemple (no 17 de la carte), la crémation se passait vraisemblablement ailleurs et l’on déposait dans la terre les ossements déjà calcinés. Les incinérations sous kourgane ont également livré des ossements d’animaux (chevaux ou moutons), témoignages d’un repas funéraire, ainsi que des objets souvent endommagés par le feu (notamment des éléments de harnachement, des armes ou des bijoux). Selon I. P. Zaseckaja, ce sont les Huns qui ont répandu l’usage de l’incinération chez les nomades, à l’époque des Grandes Migrations.Dans les inhumations sous kourgane, les défunts étaient déposés soit dans une simple fosse quadrangulaire, soit dans une niche creusée dans l’une des parois latérales de la fosse. Ce dernier usage est attesté chez les nomades alano-sarmates du Ier au IVe siècle, avant même l’arrivée des Huns. On discerne parfois dans les tombes les traces d’un cercueil (pl. 2, 1) ou encore celles d’une structure quadrangulaire en bois, peut-être les restes d’une chambre funéraire (par exemple au Sovhoz Kirova, no 78 de la carte). Signalons encore un type propre au Kazakhstan, le «kourgane à moustache»: à partir d’un kourgane en pierre partent, à la surface du sol, deux longues files de pierres qui évoquent la forme d’une moustache (pl. 2, 4). Cette particularité relève d’une tradition bien enracinée dans la région depuis l’Âge du bronze.Les inhumations à kourgane sont presque toujours individuelles (pl. 2, 1-3); les sépultures collectives constituent des exceptions (par exemple à Kanattas, sépulture d’une femme accompagnée d’enfants, pl. 2, 4). Les défunts sont placés sur le dos, en position allongée. La tête, généralement placée au nord, porte parfois des traces de déformation artificielle, usage d’origine alano-sarmate. On a également déposé dans ces tombes du mobilier (harnachement, armes, éléments du costume...) et des ossements d’animaux (chevaux, moutons ou bœufs). On trouve souvent près du défunt la tête et les pattes d’un animal (habituellement un cheval), qui sont apparemment les seuls vestiges conservés de la dépouille empaillée (pl. 2, 1, 2, 4). Cette coutume a été apportée dans les steppes européennes par les Huns.En ce qui concerne le troisième groupe, les sépultures dites plates, on constate que, contrairement aux autres, elles sont surtout caractéristiques de l’Europe centrale et du nord de la mer Noire (par exemple à Vienne-Simmering, Jakuszowice, Bátaszék, Antonovka, nos 63, 66, 41, 14 de la carte). Mais elles sont également attestées au nord du Caucase (à Zelenokumsk, no 68) ou dans la région de la Volga (notamment à Pokrovsk-Voshod, no 7). La position des défunts et le mobilier sont les mêmes que dans les inhumations sous kourgane.Mentionnons enfin quelques types rares d’inhumations: dans l’Oural, on en a découvert dans des grottes (à Kyzyl-Adyr par exemple, no 69) et en Crimée dans des caveaux en pierre utilisés par la population sédentaire antérieure (à Beljaus et Marfovka, nos 21, 22). En Asie centrale, on trouve des inhumations de nomades dans des bâtiments abandonnés par les sédentaires (notamment à Ak-Tobe et Kzyl-Kajnar-Tobe, nos 32, 36).Les nomades ont laissé une autre catégorie de sites: les dépôts d’offrandes à caractère rituel appelés également «sanctuaires». Ils ne sont actuellement représentés que par une seule découverte sûre, celle de Makartet en Ukraine (no 15 de la carte) qui a livré des épées, des pointes de flèche, des chaudrons et des éléments de harnachement abîmés par le feu. Remarquons qu’il n’est cependant pas exclu que certains sites interprétés hâtivement par les chercheurs comme des incinérations soient en fait des dépôts de ce type.Quant aux habitats propres aux nomades de l’époque hunnique, on n’en connaît à ce jour aucun exemple. Le caractère éphémère des camps de nomades explique qu’ils n’aient laissé que peu de traces archéologiques et que l’on éprouve de la difficulté à les repérer.La culture matérielleLa plupart des objets qui témoignent de la culture matérielle des nomades de l’époque hunnique proviennent du mobilier funéraire. Ils sont intimement liés à leur mode de vie. Ainsi, les éléments de harnachement, trouvés en grand nombre, confirment le rôle prépondérant du cheval chez les Huns, maintes fois souligné par les auteurs anciens. On a mis au jour des mors de chevaux avec des harnais en forme d’anneaux (pl. 1, 17, 18) ou de tiges (pl. 1, 19), des plaques métalliques de formes diverses décorant des courroies (pl. 1, 12-16, 20-22) et des plaques travaillées en or, seuls restes conservés de selles dures en bois (pl. 1, 32, 33). On estime habituellement que ces selles, qui confèrent aux cavaliers une grande stabilité, ainsi que les plaques de courroies métalliques et certains types de mors (parexemple pl. 2, 19) ont été diffusés par les Huns. Précisons qu’à la fin du IVe siècle et durant la première moitié du Ve siècle les nomades ne connaissent pas encore les étriers, qui apparaîtront chez eux vers la fin du VIe siècle et au VIIe siècle. En outre, les Huns, comme les autres nomades de l’Antiquité et du Moyen Âge, n’utilisent pas d’éperons.Parmi les armes livrées par les tombes masculines, mentionnons des épées longues à double tranchant, dites spathae (pl. 1, 28), dont certaines ont été trouvées avec leurs fourreaux ornés de tôle d’or (pl. 1, 27). L’apparition en Europe des gardes métalliques attestées sur certaines de ces épées est attribuée aux Huns (pl. 1, 27). Parmi les autres éléments provenant d’épées, citons: des pendentifs (ou «dragonnes»; pl. 1, 31) ainsi que des attaches de baudriers en jade originaires d’Extrême-Orient (pl. 1, 30). La présence de lattes, arme à lame droite à un seul tranchant, dont on aurait découvert des fragments dans les tombes de Ni face="EU Caron" ゼnjaja Dobrinka, Pokrovsk (kourgane 17) et Sovhoz Kalinina (nos 6, 7, 23 de la carte), n’est pas exclue. Les chercheurs estiment habituellement que ces lattes ont été apportées en Europe par les Huns. On a également mis au jour dans les tombes masculines des arcs, consolidés par des appliques en os et parfois décorés de tôle d’or (pl. 1, 23, 24). Les pointes de flèche en fer à trois ailettes ont une forme caractéristique de l’époque hunnique. Ammien Marcellin, auteur du IVe siècle, mentionne l’utilisation par les Huns de pointes de flèche en os. L’archéologie fournit un témoignage concordant puisque ces pointes sont attestées dans les niveaux stratigraphiques supérieurs de villes et de forteresses détruites par les Huns (par exemple à Novae, sur le Danube inférieur, ou à Il’i face="EU Caron" カëvka, Kepy et Batarejka 1, au nord-est de la mer Noire). Parmi les armes trouvées plus rarement dans les tombes des nomades de cette époque, citons les lances (à Pokrovsk-Voshod et Pécsüszög, nos 7, 42 de la carte), les glaives courts (à Ak-Tobe, no 32) et les couteaux de combat (à Ak-Tobe et Kzyl-Kajnar-Tobe, nos 32, 36). Les sources écrites signalent que les Huns immobilisaient leurs adversaires au moyen de lassos mais, bien entendu, l’archéologie n’en a conservé aucune trace. Quant aux armes défensives, les seules attestées sont des cottes de mailles, dont des fragments ont été mis au jour dans la région de la Volga (à Fedorovka et Pokrovsk-Voshod par exemple, nos 8, 7). L’équipement militaire des Huns est, en somme, caractéristique d’une armée mobile de cavaliers.Les tombes masculines contenaient d’autre part des éléments de garniture de ceinture (boucles, plaques-boucles, plaques, embouts..., pl. 1, 6-10). Les petites plaques-boucles pouvaient également fermer des chaussures. On les trouve donc aussi dans les tombes féminines. On reconnaît ces dernières à la présence de diadèmes (pl. 1, 1, 2) dont le port serait un usage d’origine alano-sarmate. Les tombes de femmes ont livré en outre des boucles d’oreilles (pl. 1, 3, 4) et des pendentifs, plus lourds, accrochés à la coiffure (pl. 1, 5, 11).Parmi les objets caractéristiques des nomades de l’époque hunnique, mentionnons enfin les chaudrons en bronze (pl. 1, 34, 35).Les styles artistiquesLe style polychrome constitue l’apport le plus remarquable de l’art des nomades de l’époque hunnique. Les objets de ce style (bijoux, éléments du costume ou du harnachement, armes) portent des pierres semi-précieuses (almandines, cristal, ambre) ou de la verroterie, montées en bate (pl. 1, 2, 4, 5, 10-12, 15, 22) ou formant un décor couvrant, style cloisonné (pl. 1, 9, 29, 31). Le style polychrome des nomades de l’époque hunnique prend ses racines dans l’orfèvrerie alano-sarmate de la période précédente mais plus encore dans les traditions artistiques des villes grecques du nord de la mer Noire, en particulier celles du royaume du Bosphore cimmérien. D’autres influences, celles de l’Empire romain d’Orient, de la Transcaucasie, de l’Iran parthe et sassanide et de l’Asie centrale kouchane, ont probablement contribué elles aussi à la formation de ce style. Soulignons que l’orfèvrerie polychrome n’est pas propre aux Huns, mais qu’elle est largement diffusée parmi différents peuples de l’Eurasie à l’époque des Grandes Migrations. Néanmoins, il semble que les objets sur lesquels on trouve outre des pierres semi-précieuses un décor en or, en relief granulé (pl. 1, 1, 2, 4, 5, 11) ou estampé en forme de corde ou de tresse (pl. 1, 7, 12-16, 20, 22), seraient caractéristiques des nomades de l’époque hunnique et auraient été exécutés dans les ateliers des steppes. Selon I. P. Zaseckaja, les objets de style polychrome disparaissent progressivement des steppes vers le milieu du Ve siècle et, à partir de cette époque, les tombes hunniques ne contiennent plus que des objets plaqués de tôle d’or (Vladimirovskij, Pokrovsk, Šipovo, Novogrigor’evka, tombe no 7; nos 77, 7, 9, 17 de la carte). Le style animalier est une autre caractéristique des arts mineurs des steppes hunniques. On note par exemple des représentations de chevreaux (à Verhne-Jablo face="EU Caron" カnoe, no 27), de dragons (à Kara-Aga face="EU Caron" カ, Karja face="EU Caron" ゼkoe, nos 34, 29) et d’oiseaux stylisés (à Szeged-Nagyszéksós, no 40). Les figures humaines, également attestées (par exemple pl. 1, 21), apparaîtraient, quant à elles, plutôt à la fin de l’époque hunnique (à partir du milieu du Ve siècle).Il convient aussi de citer le décor en écailles, présent sur certains objets métalliques, qui imiterait des plumes (pl. 1, 27, 33) et serait originaire d’Extrême-Orient. Enfin, certains objets en argent d’Europe centrale offrent un décor géométrique gravé (d’un style appelé «Sösdala») emprunté aux ateliers romains du Bas-Empire (pl. 1, 18).Société, économie et religion des nomades de l’époque hunnique d’après les données de l’archéologieComme l’a montré l’archéologue S. A. Pletnëva, la dispersion des tombes et l’absence quasi totale de nécropoles témoignent de façon irréfutable que les peuples des steppes de l’époque hunnique pratiquaient le nomadisme sous sa forme la plus primitive. Cette forme, appelée nomadisme de camps, est commune aux peuples en état de migration, en cours de conquêtes et pendant les périodes troublées, lorsque les conditions de sécurité imposent la concentration des troupeaux et des hommes ainsi que leur déplacement continuel. Elle se caractérise par l’absence d’itinéraires stables et de lieux permanents d’hivernage. La Kirghizie constitue une exception, puisque l’on a retrouvé des nécropoles, sur lesquelles se faisaient enterrer des générations successives, et qui attestent donc l’existence de lieux privilégiés d’hivernage. Les premiers habitats stables des nomades apparaissent sur ces mêmes lieux. La «ville d’Attila», dont on connaît l’existence grâce à une ambassade byzantine qui la visita vers 440, localisée sur le territoire de la Hongrie actuelle, devait appartenir à cette catégorie.L’archéologie confirme ce que nous apprennent les textes, à savoir l’importance de la guerre chez les Huns. Le nombre de tombes de guerriers en témoigne clairement. D’autre part, l’archéologie funéraire montre la hiérarchisation de la société des nomades de l’époque hunnique: à côté des tombes dites princières, qui se distinguent par la richesse de leur mobilier (Szeged-Nagyszéksós ou Pannonhalma par exemple, nos 40, 44 de la carte), on a découvert une multitude de tombes ordinaires.Dans le domaine de l’économie, l’élevage du bétail joue certainement un rôle primordial, mais l’archéologie témoigne également de la présence de l’artisanat et du commerce. On peut supposer que la plupart des objets portés par les nomades étaient exécutés par des ateliers travaillant dans les steppes. En effet, aux époques ultérieures, les données ethnographiques mettent en évidence l’existence d’artisans ambulants, notamment de forgerons, qui se déplacent avec les tribus de nomades. Pour l’époque hunnique, on a découvert à Novofilippovka (no 18) la tombe d’un chaudronnier, enterré avec ses outils. Les objets d’origine étrangère mis au jour dans les tombes des nomades témoignent, pour certains d’entre eux au moins, du développement du commerce. Citons par exemple la vaisselle romaine en argent de Pavlovka (no 31), celle en bronze d’Aleški, Fedorovka ou Melitopol’ (nos 10, 8, 16), les récipients en verre de Marfovka et Kaza face="EU Caron" カ’i Lagerja (nos 22, 12), le miroir chinois deLeninsk (no 5), ou encore les épées, peut-être d’origine byzantine, trouvées à Dmitrievka et Pokrovsk-Voshod (nos 81, 7).L’archéologie éclaire aussi un autre aspect de l’économie des nomades. On note à l’époque hunnique l’apparition de sédentaires au cœur même de la zone nomade, installés par exemple dans les ruines de la ville de Tanaïs, à l’embouchure du Don. Cela permet de penser que les Huns étaient favorables à la présence sur leur territoire d’une population sédentaire, placée sous leur domination et susceptible de leur fournir les produits agricoles nécessaires à leur subsistance.On possède peu d’indications sur la religion des Huns. Il semble très probable néanmoins qu’ils aient voué un culte aux animaux. Le décor de style animalier en serait l’une des manifestations, et nous avons déjà évoqué l’importance particulière du cheval dans le rite funéraire. Il convient de mentionner, d’autre part, la fonction rituelle des chaudrons en bronze et des arcs portant des appliques en tôle d’or. Les chaudrons, attributs des chefs de familles ou des tribus, symbolisaient l’unité de celles-ci. Quant aux arcs décorés d’or, ils représentaient le caractère sacré du pouvoir des chefs militaires.L’influence hunnique en Europe à l’époque des Grandes MigrationsLa puissance de l’«empire» des Huns et le prestige dont ils jouissaient auprès des autres peuples barbares ont contribué à la diffusion d’une «mode» danubienne. Elle se forme durant la première moitié du Ve siècle dans le milieu aristocratique du bassin du Danube moyen, où se situe le centre politique des Huns. Cette mode possède des origines diverses et reflète en cela l’hétérogénéité de la population nomade et sédentaire placée sous la domination des Huns dans cette région. L’archéologue allemand J. Werner, qui a étudié cette mode, y discerne des éléments proprement nomades, provenant des steppes, certains hunniques, d’autres alano-sarmates. La mode danubienne est adoptée en premier lieu par l’aristocratie de l’Europe barbare, ainsi que par l’armée romaine, fortement «barbarisée» au Ve siècle. Elle se traduit par une vaste diffusion du style polychrome (par exemple dans les tombes princières de l’époque hunnique à Airan en Gaule, à Beja au Portugal ou à Altlussheim et Wolfsheim en Rhénanie), par l’apparition en Occident de la coutume de la déformation crânienne artificielle (chez les Burgondes en Gaule), ou encore par l’adoption de l’usage d’origine alano-sarmate consistant à déposer des miroirs métalliques dans les tombes (par exemple à Hochfelden en Alsace). On doit également à la mode danubienne la propagation de nouveaux types d’éléments de harnachement et d’armes: des mors dits hunniques (pl. 1, 19), des selles dures décorées de plaques métalliques (en particulier à Mundosheim en Alsace), des flèches à trois ailettes (notamment à Mannheim en Rhénanie et à Lorenzburg en Bavière) ainsi, peut-être, que des lattes (à Altlussheim en Rhénanie). En Occident, les traces de l’influence hunnique disparaîtront avec la civilisation mérovingienne, au cours de la seconde moitié du Ve siècle et au VIe siècle.L’expansion des Huns a été arrêtée en 451-452 par l’Empire romain d’Occident. Après la mort d’Attila, en 453, et la révolte générale des peuples germaniques, les Huns perdent la région du Danube moyen et sont refoulés vers les steppes de la Russie méridionale. Là, ils entrent en contact avec de nouveaux peuples nomades d’origine turque, venus d’Asie: les Saragurs, les Onogurs et les Sabirs. Ils forment avec eux une nouvelle fédération de nomades, les Bulgares, qui, aux VIe et VIIe siècles, dominera cette zone. La culture des Bulgares conservera d’ailleurs certains éléments d’origine hunnique, en particulier dans les rites funéraires.
Encyclopédie Universelle. 2012.